jeudi 10 juin 2021

Renée Fauguet-Zejgman, une habitante de l'ancienne cité-jardin du 160 rue de Belleville

 

                                                               le joli petit jardin devant sa maison 

 


 

Renée, habite cette zone pavillonnaire dotée de jardinets individuels,  depuis 1985. Très impliquée , active  et engagée dans la vie associative,   elle a participé aux restos du coeur et aux taxis du coeur, (moins connus)  dont la mission était d'accompagner les personnes en difficulté dans leurs démarches administratives.   Elle fait du théâtre au Local situé au 18  rue de l'Orillon., un haut lieu de création, d'actions culturelles et de pratiques artistiques amateurs  Elle est à l'initiative d'un groupe d'habitants du quartier qui pratiquent la marche nordique dans le parc des Buttes-Chaumont. Et est présidente depuis 2004,  de l'amicale des locataires, CNL du site où elle habite, qui appartient à l'Espace Habitat construction....

                    Fidèle dans ses amitiés elle continue à voir ses amies de l'école primaire !

          Née à Lyon en 1944,  de  parents  juifs polonais qui avaient fui les pogroms , venus s'installer à Belleville en 1920  au 29 Bd de Belleville.

 Son père était coupeur dans la chaussure dans des atelier qui étaient nombreux en cette période là à Belleville. A la Maison Primak, rue Julien Lacroix en 1923, A la Maison Seigerman, 18bd de la Villette, de 1924 à 1925, A la Maison Schusterman entre 1926 et 1927, à la Maison Zaidman, rue Vicq d'Azir entre 1927 et 1941.

                               La cour de l'immeuble du 29 Bd de de Belleville . Le bâtiment  était un ancien relai de poste datant d'Henri IV. A droite du fond de la cour se trouvait l'entrée de l'écurie où il existait encore lorsqu'elle y habitait , les anneaux  et  la mangeoire. La partie que la famille occupait était l'ancienne auberge du relai de poste.

                         

                                                                                         Renée en 1963


 

Une enfance à Belleville

Bellevilloise depuis l'âge de 1 an, elle est au fil du temps devenue une exceptionnelle passeuse de mémoire . Elle  se souvient avec jubilation de ses 400 coups  de jeunesse,  tels que dévaler en bande de joyeux drilles à toute vitesse la rue de Belleville en patin à roulettes , faire du toboggan sur la rampe du Métro Place des Fêtes, tirer aux sonnettes  des immeubles, l'école buissonnière pour aller au cinéma ...

Elle allait au  patronage au 120 Bd de Bellevue de la Commission Centrale de l'Enfance de l'UJRE 

                                    Ses balades et  de ses jeux dans le parc des Buttes-Chaumont ..

                                                 Renée à 7 ans avec sa soeur Cécile  11ans

                                              

                                    Ses frères Georges et Simon en 1934 aux Buttes-Chaumont


 
                                  Renée Bd de la Villette en 1958 avec son amie Renée Katz


                                                        Écoles fréquentées

École de la rue Vicq d'Azir pour la primaire , collège de filles de l'avenue Simon Bolivar, le collège commercial de la rue Bidassoa section comptabilité. puis Le lycée Jules Siegfried en BTS de comptabilité.

 

Renée se souvient avec grand dépit,  des cinémas  et théâtres qu'elle fréquentait et qui ont tous disparu !  Et même les films qui y  passaient , le genre de films diffusé dans chaque cinéma !

 Les cinémas  de Belleville qui ont disparu

Le Cocorico du 128 Bd de Belleville- le cinéma, music hall , cinéma  l'Alhambra, au 22 Bd de la Villette.  le ciné Bellevue,transformé en une Synagogue au  122 Bd de Belleville - Le Nox qui devint le Berry-Zèbre, puis le  Zèbre de Belleville , crée par des juifs polonais  en 1946 et qui diffusaient des films russes et d'Europe de l'Est- Le cinéma le Floréal au 13-15 rue de Belleville- Les Folies Belleville, cabaret, café théâtre, music hall puis cinéma au 8 rue de Belleville- Palais des Glaces au 37 rue du Fbg du Temple- Le Paradis au 42 rue de Belleville- Théâtre de Belleville.  Le Florida au  373 rue des Pyrénées- Le Féerique au 146 rue de Belleville transformée en Franprix. Le Belleville Pathé rue de Belleville.

Pour en savoir plus sur les cinémas disparus , lire l'article de l'historien de Belleville, Maxime Braquet sur le site de la Ville des gens . https://www.des-gens.net/Quand-il-y-avait-des-cinemas-a-Belleville


                                                       Renée se souvient aussi des rues 

                                       qui existaient, qu'elle empruntait  et qui n'existent plus...

Les rues disparues

Impasse du Puits qui allait de la rue de l'Atlas à l'avenue Simon Bolivar  Le passage Kuszner   du 17 rue de Belleville  à la rue Rebeval. La rue Vincent qui allait  de la rue Rebeval à l'avenue Simon Bolivar . l' Allée des Faucheurs qui allait de la rue de Belleville à la rue Rebeval.

Son parcours Professionnel 

Renée travaillait  à l'agence photographique Rapho, une des plus anciennes agence de photos journalisme de France  créée par Charles Rado en 1933, devenue l'agence Gamma-Rapho par la suite ! .Comptable de l'agence le matin, l’après-midi était consacré au tri des photos. Elle y a rencontré  et fréquenté les grands photographes de Paris , Robert Doisneau, Willy Ronis, Sabine Weiss, Janine Niepce, Hans Silvester, 

Roland et Sabrina  Michaud..

Et aussi Robert Bober qui était venu regarder les photos du livre, 

Belleville Ménilmontant  de Willy Ronis  et Didier Daeninckx,


 épuisé à ce moment là,  afin de sélectionner des photos de la destruction du quartier, pour la préparation de son film documentaire "En remontant la rue Vilin", sur le texte de Georges Perec. 1992

Un magnifique et émouvant film que nous vous conseillons  vivement de regarder

 

Ses  coups de coeur de livres sur Belleville

A travers l'histoire de sa propre famille, l'auteur Jean -Jacques Fradet  retrace

 avec brio l'histoire des émigrés juifs à  Belleville. Magnifique  et émouvant témoignage

sur Belleville entre les deux guerres

 Editions l’Harmattan .  2020

                             

Photos  en couleur de François-Xavier Bouchart  de Belleville dans les années 1970. 
Un Belleville en plein chantier de  démolition. Dernières images de Belleville  avant sa transformation.
 Textes de Robert Bober et Françoise Morier. Editions Creaphies 2015

 

                              L'ouvrage de référence sur l'histoire du village de Belleville

                                                              Aux Editions Veyrier1988

                                                

                                                      Claire Reverchon et Françoise Morier

                                                                    Editions Creaphis  1995


                              

 

 


 


 


 



mercredi 9 juin 2021

Du couvent des moines de Picpus à la résidence pavillonnaire du 160 rue de Belleville

 

 

Caché derrière la porte de l'immeuble situé au 160 rue de Belleville,  se trouve un lieu de vie préservé  ,  éloigné de l'effervescence de la rue et évoquant particulièrement bien la vie dans  l'ancien village de Belleville Cette allée bordée de 34 pavillons avec jardinets,  s'étend jusqu'au parking de la  place des Grandes Rigoles ! 





  Histoire d'un lieu chargé de la mémoire de ses différents occupants

            Cet ensemble de maisons  de deux étages avec jardins qui existait  déjà en 1920



   a été entièrement démoli entre 1984 et 1985 et reconstruit  en logements à caractère social

                                                       En remontant les siècles 

                                                         Les Massures Saint Eloy

En 1378, d'après les sources de Jacques Hillaret, entre les n° 160 et 168 de la rue de Belleville, il existait un lieu-dit "Les Masures Saint-Eloy" qui abritait la maison seigneuriale du prieuré de Saint- Eloy, avec un pressoir, des  étables, des granges, des jardins et  des vignes.

 A l'époque le village de Belleville s’appelait Poitronville ! Le nom Massure signifiait  maisons.

Au XVIe siècle la maison seigneuriale fut  occupée par le vigneron Étienne Alix, qui était chargé de collecter les redevances de plus de 300 parcelles de terres et de vignes appartenant au fief Bellevillois de Saint-Eloy.

Le couvent des moines de Picpus 

       Plan du domaine du couvent des religieux de Picpus par Emmanuel Jacomin, emprunté à L'Ami du 20e, du 7/10 1978. Consultable à la bibliothèque Marguerite Duras , au fonds Est parisien

 Cliquer sur le plan pour l'agrandir

 

En 1638,  d'après les sources de l'historien Emmanuel Jacomin, in Histoire de Belleville aux éditions  Henri Veyrier 1988, le sieur Jean Bordier, argentier de la petite écurie du roi, aurait acheté à l’archevêque de Paris, en cet endroit, un domaine de 12 hectares, sans doute correspondant aux n° 140 à 174 de la rue de Belleville ,  la rue de Belleville à cette époque s'appelait  Grand chemin du roy notre sire !  afin d'y installer les religieux du Tiers -ordre  de Saint François de l'étroite observance de la province de France ,attachés au  couvent du village de  Picpus, crée en 1600 rue de Picpus. En échange, les religieux devaient transformer les maisons en couvents et devaient donner des messes à l'Eglise Saint -Jean Baptiste de Belleville, à 5h du matin entre Pâques et les vendanges et à 6h du matin le reste de l'année.



 L'entrée du couvent se faisait par la rue Levert. Le domaine possédait de grands jardins, des bois , des prés. Une chapelle ,  une fontaine alimentée par les eaux de Belleville situées en retrait de la rue  au niveau du 162 rue de Belleville

Bien que  les religieux de Picpus  accueillirent dans leur bibliothèque les réunions  des amis de la constitution, le couvent ferma à la révolution pour se transformer en une prison !

Il est a noter que les religieux du tiers ordre n'étaient pas des moines et que l'appellation du lieu du Couvent des moines de Picpus est erronée ! 

 162 rue de Belleville

Archives de la Ville de Paris
 

le dispensaire de la fondation des œuvres sociales de Belleville, créé en 1920 pour les personnes défavorisées, par Mlles Guerin de Vaux et Heitz qui y ouvrirent aussi en 1923 un hôpital et une maternité .

  Et  c'est en cet endroit , 162 rue de Belleville que le fondateur des équipes socialesRobert Garric écrivit entre 1924 et 1928, le livre "Belleville, scènes de la vie populaire" Grasset 1928.

                                     Photo de Robert Garric en 1935 empruntée à  Babelio 

Robert Garric était un catholique réformiste qui alla à la rencontre du peuple Bellevillois. Il fut un  professeur de lettres et de philosophie renommé, (Simone de Beauvoir a été son élève) qui   avec l'aide d'étudiants, mis en place des services d'éducation populaire  à vocation socio-culturels .

Quelques photos des immeubles en façade datant de 1906, derrière lesquels étaient installés au XIV e siècle Les Massures Saint Eloy, puis  au XVIIe siècle, le couvent des religieux du tiers ordre de Saint-François et la cité jardin. 

Photos empruntées aux Archives de Paris.

160 rue de Belleville

                                                        

                                                              162 rue de Belleville

 

                                                                164 rue de Belleville

 

                                                                 166 rue de Belleville


                                                      168 et 170 rue de Belleville