samedi 18 mai 2019

Chez Madame Marcelle, la dernière épicerie buvette du quartier

Chantal,
 à l'entrée de l'épicerie buvette de Madame Marcelle 
au 66 rue de la Villette,
 Photo prise par Martine Käs  entre 1982 1995...

Depuis plusieurs année le  commerce a été transformé en soutien scolaire !


Dans les années 1980 -1995, j'ai bien connu Madame Marcelle,  un tout petit bout de femme chétive âgée de 90 ans et toujours tirée à quatre épingles (sous sa blouse). 
Elle tenait une des dernières épiceries buvettes du quartier. Son minuscule café était installé,
 presque en face des fenêtre de l'atelier des costumes de la SFP. 

Elle  ouvrait son bar très tôt le matin pour fermer  le soir vers 20h et il ne désemplissait pas ! Chaque heure avait ses habitués attitrés. 

Il y régnait une ambiance, une solidarité incroyable  ...
Rassemblée autour  d'un partage  de d'acceptation de la détresse, 
de la solitude, des histoires  de chacun. 

Madame Marcelle servait à boire et à manger avec l'aide de sa fille Yvette, aux habitants ,   aux  copains de quartier, aux ouvriers, aux laissés pour compte, aux retraités isolés, aux  gens qui travaillaient à la SFP, à la factrice qui distribuait le courrier dans notre quartier,  au petit agent de la propreté de Paris, et surnommé la Globule, au patron du garage qui a été démoli et qui était situé à l'autre bout de la  rue , juste à coté de la Cité Florentine...

L’immeuble construit sur l'ancien garage
88/90 rue de la Villette
Le garage, réparation de voiture au moment de sa destruction 
autour des années 1997
Le patron du garage, selon l'heure de la journée venait boire un coup ou 
 un café chez Madame Marcelle et souvent avec ses clients, 
il était soit en salopette de travail soit habillé en vêtement de  ville
Photo Martine Käs

 Et à tout un méli mélo d'autres gens  dont je me souviens que très vaguement. 
Au milieu de toutes ces personnes qui pour certaines venaient noyer leurs chagrins , 
leur solitudes dans l'alcool, d'autres pour retrouver les amis,
 trônait  Chantal, une femme très belle, très classe et très chic... 
Une personne que tout le monde adorait
Photo de Chantal au début de l'article

Fernandel 
dans la toute petite cuisine de Madame Marcelle !



Toujours nostalgique du temps de la  cité Elgé puis de la SFP, Madame Marcelle me répétait constamment qu'elle ne supportait pas les ivrognes ! Que "rien n'était comme avant ! " 

Elle me parlait d'un temps... 
Du  temps  où dans sa minuscule cuisine, elle faisait à manger pour Fernandel,
 pour d'autres comédiens très connus et pour les ouvriers qui travaillaient dans les ateliers.

Car Fernandel appréciait non seulement la cuisine particulièrement savoureuse de Madame Marcelle  (délicieuse je le sais en effet puisque je l'ai gouté) il aimait  aussi l'ambiance populaire de son café, très loin du bottin mondain, mais  aussi de pouvoir s'isoler 
entre deux tournages afin de manger tranquillement.

Elle me répétait aussi  très souvent, que du temps de Fernandel, dans  sa courette, y avait souvent de petits  bals improvisés. Plusieurs habitués jouaient de l' harmonica,  de l'accordéon, du violon et ses clients se mettaient à chanter et à danser joyeusement ! 


Dans cette cour, il y avait un puits fermé dans lequel poussait un magnifique lilas.
Yvette la fille de Madame Marcelle, 
m'avait raconté que lorsqu’elle était jeune, les gens y puisaient l'eau.
Et à mon époque le prunier de la photo donnait de délicieuse prunes !
Photo Martine Käs

La porte de la petite cuisine de l'épicerie donnant sur la cour
Madame Marcelle habitait au 1er étage
Photo Martine Käs entre 1982 -1996

Madame Marcelle aurait pu vivre encore longtemps... 
Mais son immeuble a été vendu.
 Comme à l'époque j’habitai dans la petite maison au fond de la cour, (ancienne fabrique de chaussures) elle venait me voir en pleurant, pour me dire qu'elle ne voulait pas partir, qu'elle ne pouvait pas partir, qu'elle ne pouvait quitter cet endroit, sa vie, ses souvenirs... 

Elle a fini par déménager chez sa fille dans le 15e arrondissement 
dans un appartement situé au 7 e étage sans ascenseur. 

Les habitués, les amis  de l'épicerie buvette venait la voir régulièrement,
la descendait et la remontait à tour de rôle sur leurs dos
 afin qu'elle puisse sortir un peu dehors  ...

Et elle est morte de vieillesse et sans doute de chagrin  au bout de 3ans ...
 

2 commentaires:

  1. Aujourd'hui la cour paraît toute petite entre l'immeuble de façade , le petit immeuble de 1 étage dans la cour et au fond la barrière de la maison. C'est bien dans cette cour qu'il y avait un puit et des arbres??

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  2. Bonsoir,
    à l'époque où j'y habitais, la cour était ouverte et le puits végétalisé se trouvait du côté de la petite maison.

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