Devant une de ses vues préférées du parc
Philippe
Lecat
L'homme qui
aura passé 45 ans
à travailler dans le parc des Buttes-Chaumont
va
prochainement quitter ses fonctions
exercées durant près d'un demi siècle
pour partir
à la retraite !
Un
précieux témoin des transformations du parc et des conditions de travail des
agents qui œuvrent quotidiennement à sa beauté.
Tout le
monde le connait pour l'avoir croisé au
moins une fois dans le parc et souvent roulant
tout doucement dans sa camionnette.
Et en ce
qui nous concerne, depuis 1980, sa jovialité et sa bienveillance à chaque fois
auront accompagné agréablement nos promenades dans le parc.
Scolarité et formation
Philippe est né en 1955 à Paris dans le IVe arrondissement.
Après l'obtention du BEPC, il a été scolarisé en Normandie dans un Lycée agricole jusqu'au baccalauréat. Suite à une offre d'emploi qui recherchait des cantonniers pour le parc des Buttes-Chaumont, il s'est présenté au bureau du recrutement de l'Hôtel de Ville. A l'époque il n'y avait pas de concours et à l'entretien d'embauche, l'agent recruteur après l'avoir interrogé sur ses aptitudes lui aurait quasiment uniquement demandé s'il savait lire et écrire...
Son
arrivée dans le parc des Buttes-Chaumont en 1974
A l'âge
de 19 ans, le 16 décembre 1974 il a donc été embauché
comme cantonnier d'empierrement. La
nomenclature des métiers changeant d'appellation,
et pour un même emploi, de cantonnier d'empierrement,
il deviendra tour à tour
ouvrier
spécial d'entretien général puis
adjoint
technique d'entretien espaces verts.
1974
à 2019
Les
différentes tâches et missions de son emploi et
les transformations des conditions de travail.
En tant
que cantonnier , à son arrivé, il étaient une dizaine et travaillaient souvent par équipe de deux. Philippe
faisait, refaisait, entretenait, balayait les allées. Creusait la terre à la pioche, nettoyait, balayait
les routes,
les puisards et les rivières du parc.
Une fois
par semaine il était chargé de vider les réceptacles à déchets déposés directement dans les anciennes corbeilles vertes en
métal (il n'y avait pas de sacs en plastique) pour les transporter avec une
brouette dans un lieu du parc où ils étaient brulés.
Il va
sans dire qu'à l'époque il y avait moins d'ordures a enlever,
alors qu'actuellement
avec les nouvelles pratiques de consommation,
les pique niques autorisés sur
les pelouses, le passage de l'enlèvement des poubelles s'effectuent plusieurs
fois par jour et particulièrement en été..
A
l'époque il y avait 3 bucherons élagueurs en permanence sur le parc, il était alors chargé de les aider à l'enlèvement des
branches et des arbres coupés. Toujours à l'aide de la brouette mais quand les arbres étaient trop
grands le transport se faisait à l'aide de l'unique micro tracteur existant sur
le site !
Il y a même quelques années où pour le déblayage des billes de bois issus du débardage de la voie ferrée ,
il a travaillé avec une remorque attelée par un cheval !
Il était chargé d'aider les jardiniers dans le
transport des nouveaux végétaux a planter , du déchargement des camions à leurs
arrivés ainsi que du tri . Un travail qui aura aussi concouru à l'aider dans
l'apprentissage de l'identification des végétaux , des arbres et arbustes
plantés dans le parc.
Il a
aussi travaillé avec les jardiniers
à nettoyer et a entretenir l'île.
Du reste, à son arrivée dans le parc, pour se
rendre sur l'île,
le passeur les y emmenait en barque !
Il était chargé de transporter au service technique de
réparation de la Ville de Paris qui était installé à l'époque en place de
l'école
polyvalente
de la rue de la Villette tout ce qui était cassé, les bancs, les corbeilles,
les outils et matériaux défectueux...
Entretien des fontaines d'ornement
Nous avons l'habitude de croiser nos jardiniers hors du parc
en train de travailler sur des espaces verts du quartier.
Mais durant 15 années, Philippe, tout en étant attaché au parc,
a
été chargé avec un autre collègue de l'entretien de plusieurs fontaines d'ornement et du nettoyage des bassins du XIX e et de ceux d'autres arrondissements de Paris.
Au Parc de la Butte du Chapeau Rouge.
Au parc Alban Satragne à côté de la Gare de l'Est
Au parc Louvois, près de la BNF de la rue de Richelieu
Aux la fontaine des Halles dont la fontaine des Innocents
Au square Marcel Mouloudji dans le XIXe
A la fontaine Marcel Achard qui depuis n'existe plus !
IL a été
chargé d'aller livrer les sapins de
Noël dans
les écoles, bibliothèques et autres structures
de notre arrondissement.
Philippe
a aussi bénéficié de formation en jardinage.
En 45 ans
qu'est ce qui a disparu ?
La barque
et le passeur qui naviguait sur le lac,
le kiosque
à musique près du lac, le manège en bois,
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L'ancien kiosque avant sa réhabilitation. Photo M.k |
Les
kiosques en bois qui vendent gaufres, barbes à papa et glaces ont été modifiés. Un des deux kiosques a été fermé.
L'homme
qui inlassablement promenait les enfants
dans une voiture attelée par un
cheval.
Les cafés
et restaurants installés dans les concessions du parc
ont changé de
propriétaires.
L'aire de jeux des enfants était totalement recouvert de sable.
Il devait être ratissé et nettoyé chaque jour .
L'abri et le kiosque à bonbons, coiffés de chaume
ont disparu. Les jeux pour les enfants étaient différents.
Certains arbres et arbustes ont été enlevés
pour être remplacés par d'autres variétés
Comme le bonzaï
La rangée de saules pleureurs de la colline.
Les arbres préférés de Philippe
S'il aime tous les arbres, ses préférés sont:
Le Sophora Japonica qui surplombe le lac
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Les trois vieux platanes , classés Arbres remarquables,
près de la rivière qui se jette dans le lac.
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L'Araucaria, appelé communément le désespoir du singe,
qui était planté avant le pont qui mène au Belvédère.
De mauvais souvenirs ?
Le décès de ses anciens collègues et particulièrement celui de son chef, Bruno Jonier
Ce qui a changé dans les conditions de travail ?
Du fait de la mécanisation, le travail est moins pénible et
il y aurait plus de réunions de concertation.
Il n' y a plus le travail d'enlèvement des feuilles tombées aux pieds des arbres puisque elles restent sur place pour enrichir la terre.
Les agents du parc n'utilisent plus d'insecticides.
Depuis quelques années il ne participe plus aux tâches pénibles,
il travaille au magasin.
Fourni aux agents du parc, l'essence
et les outils nécessaire à leurs travaux.
Ce qui a changé dans le paysage ?
Certains arbres malades, ou d'autres fragilisés car âgés de 150 ans ont été abattus et aussi pour des raisons de sécurité.
D'autres espèces ont été plantés.
La rénovation du parc qui a restitué les tracés Haussmanniens
des allées et les positions des massifs .
Une journée de travail en hiver
parmi toutes celles passées durant 45 ans
Il arrive à 7h30 pour rejoindre son équipe au local des vestiaires et de la cuisine qui sert aussi de salle de repos et de salle de réunion.
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7h 45 |
8h45
Après voir passé sa matinée à répondre aux besoins en matériaux des jardiniers,
participé au déchargement d'un camion,
remplir des bordereaux de commandes de fournitures,
puis les porter a sa direction ...
11h 45
Philippe revient pour sa pause déjeuné.
Il va manger depuis 4 ans à la CRAM Ile de France de l'Avenue de Flandre .
Avant il mangeait dans un restaurant administratif de la rue de Mouzaïa.
12h50
Avec ses collègues, en pause café devant la cuisine
Avec un collègue qui travaille aussi depuis très longtemps dans le parc
Les endroits préférés du parc
Si Philippe aime le parc pour sa beauté et dans sa totalité,
il est des endroits qu'il préfère, car il lui donnent l'impression de ne plus être à Paris.
Une sensation d'être totalement immergé dans la nature
L'étroit sentier forestier en contrebas, espace vosgien,
qui longe la grille de la petite ceinture.
La cascade
qu'il aura si souvent nettoyé durant 45 ans !
Le lac,
à qui il aura aussi consacré beaucoup de temps
en entretien et en nettoyage
Ainsi s'achève l'article sur
Philippe Lecat, qui aura travaillé 45 ans dans le parc des Buttes-Chaumont !
Nous l'avons suivi durant plusieurs semaines,
son humeur joyeuse, sa gentillesse, nous auront fait passer véritablement un très joli moment en sa compagnie.