Suite à de nombreux entretiens en 2008,
que j'ai eu avec Maurice,
avec son accord et après la
lecture du fabuleux livre de Michel Bloit
que j'ai eu avec Maurice,
avec son accord et après la
lecture du fabuleux livre de Michel Bloit
que je vous conseille vivement.
"
Moi, Maurice, bottier à Belleville, histoire d'une vie".
Editions L'Harmattan. 1993
Préfacé par Alain Seksig
http://www.ina.fr/video/PAC9310011338
Photo de Maurice empruntée à Clément Lépidis
in Belleville mon village.
Editions Henry Veyrier 1988
Editions L'Harmattan. 1993
Préfacé par Alain Seksig
http://www.ina.fr/video/PAC9310011338
Photo de Maurice empruntée à Clément Lépidis
in Belleville mon village.
Editions Henry Veyrier 1988
En Février
2008, alors que Maurice allait avoir 100
ans...
J'ai tenté de rédiger le résumé de la vie de cet extraordinaire homme bien que c'était un pari
improbable tant elle fut incroyablement
longue et riche.
Avec Patrice Spadoni de Canal Marches nous devions même faire
un long reportage filmé sur lui et nous
n'avons pu qu'en faire un tout petit ...
En attendant que vous lisiez le livre de Michel Bloit voici une succincte mise en bouche , issue d'un long travail élaboré avec Maurice Arnoult.
Maurice Arnoult est né dans une ferme , le 23 juin 1908 à Bagneau-sur-loing, en Seine et Marne près de Nemours.
Ses parents
tenaient un petit magasin de chaussures. Maurice Arnoult est né dans une ferme , le 23 juin 1908 à Bagneau-sur-loing, en Seine et Marne près de Nemours.
3eme d'une
famille de 4 enfants , 3 garçons et sa sœur Paulette, qu'il aimait énormément.
Il a 6 ans quand la guerre 1914/1918 éclate , son père
est mobilisé puis il abandonne sa femme et ses 4 enfants.
A 10 ans sa
maman meure de tuberculose et Maurice sera élevé par sa grand - mère.
Doté d'une
santé fragile, Maurice s'il n'a jamais été à l'école, fréquenta le catéchisme
Alors, il
gardait les chèvres ...
Durant toute son enfance il sera rejeté, les enfants se moquaient de lui ou ne le fréquentaient pas car "il
empestait la chèvre".
A 14 ans il
est envoyé à Paris où il ne connait personne, et afin d'y devenir apprenti bottier à
Belleville.
Il fréquenta 4 ateliers successifs et dans lesquels à chaque fois
il apprendra une spécificité du métier.
Il y rencontrera des gens d'origines et de pays différents, dont les arméniens, les italiens, les israélites ashkénazes ...
http://www.histoire-immigration.fr/expositions-temporaires/fashion-mix/la-chaussure-une-histoire-armenienne
http://www.histoire-immigration.fr/expositions-temporaires/fashion-mix/la-chaussure-une-histoire-armenienne
Arrivé à
Paris, parfaitement illettré, il va apprendre, grâce à des étudiants
bénévoles, à lire, à écrire, à acquérir
de forts rudiments en médecine, mais aussi l'approche de la philosophie, et ce
dans l'arrière salle du café billard" Tafanel", à l'angle des la rues de Belleville et Rébéval . Il s'initiera
et se passionnera aussi pour
l'opéra !
C'est dans ce café, situé à l'angle de la rue de Rebeval et de la rue de Belleville que Maurice a appris à lire et à écrire ...
C'est dans ce café, situé à l'angle de la rue de Rebeval et de la rue de Belleville que Maurice a appris à lire et à écrire ...
A l'arrivée des
premières machines il est sera Licencié par son dernier employeur.
1928, il se marie à 19 ans et il aura une fille .
Maurice
effectue son service militaire comme commandeur des Tirailleurs Algériens puis
pour se rapprocher de sa jeune femme il sera transféré près de
Versailles où il sera pionnier constructeur de ponts et fortins.
En 1930 il s'installe à son compte au 73 rue de Belleville , dans l'immeuble où
Édith Piaf à été abandonnée sur les marches de l'entrée .
En 1930 il s'installe à son compte au 73 rue de Belleville , dans l'immeuble où
Édith Piaf à été abandonnée sur les marches de l'entrée .
Crise des années 30, il installe son atelier à Savigny sur Orge ou il habite avec sa famille dans la la maison de son père .
Le marché de
la chaussure s'effondre, sa femme est très malade , comme il a besoin d'argent , il
va prendre des "petits bouleaux" bien rémunérés pas longs lui
laissant du temps pour continuer le travail de la chaussure.
Il Déchargera les bateaux au Pont d'
Austerlitz, chargera les trains des gares parisiennes de la presse quotidienne...
L'arrivée
des machines concourant a tuer le petit artisanat et le travail en chambre
Maurice se voit contraint d'accepter de travailler à l'usine de chaussures
Pillot ou il restera 5 ans.
Embauché d'abord
comme brocheur puis préparateur il se verra confié la direction de la chaine de
fabrication à la nouvelle usine Pillot implanté à Orly.
120 ouvriers sous sa responsabilité, un bureau 1 secrétaire !
120 ouvriers sous sa responsabilité, un bureau 1 secrétaire !
En 1936
suite à la grande grève et à la victoire du Front Populaire qui aboutira
aux augmentations de salaires, à la semaine des 40 heures, aux congés payés.
Son usine
est occupée. Étant cadre il sera même mis au banc des accusés par Thorez
car son équipe est la plus productive
!
Photo prise par M.Käs vers 2013 |
Son atelier au 83 rue de Belleville
Toujours un peu périlleux d'aller lui rendre visite. Pour accéder à son atelier situé en arrière cour, il fallait gravir un escalier ...
Puis baisser la tête pour descendre les marches qui conduisaient à sa porte !
Grâce à son
licenciement et à la somme d'argent qu'il touche, il s'installe en 1937, une nouvelle fois à
son compte au 83/85 rue de Belleville dans un des plus anciens immeubles de la rue,
un atelier qu'il occupera 73 ans et ou il serait encore si son bailleur
acceptait de reconduire son bail.
Maurice arrivait à parler avec des épingles dans la bouche !
Photo de Michel Bloit, in Moi Maurice, bottier à Belleville.Histoire d'une vie.Editions l'Harmattan.1993
Il embauche
des ouvriers, beaucoup d'anciens compagnons, et Alice, émigrée juive
russe," la championne des casseuses d'aiguilles" qu'il avait repéré à l'usine Pillot ,
également comme lui licenciée, amatrice d'opéras et habitant à Savigny.
1939 mort de
sa sœur Paulette . Il prendra chez lui ses deux petites nièces à Savigny.
Mobilisé, il
confie la direction de l'atelier à Alice.
Photo d'Alice dans l'atelier de Maurice,
empruntée à Emmanuel Jacomin, in l'Histoire du village de Belleville.
Editions Henri Veyrier.1988
Affecté
pionnier en zone frontalière, il deviendra responsable de l'infirmerie après
avoir soigné un soldat d'une fracture de jambe
Fait prisonnier en1941. S fille de 10 ans lui
écrit pour lui annoncer la mort de sa mère. Maurice ira jusqu’à fabriquer un
faux certificat pour se faire démobiliser à tout prix afin de rentrer chez lui
.
A son retour
à Belleville, il va être témoin des
grandes restrictions occasionnées par la guerre et l'occupation, peurs, dénonciations,
rafles, déportations ...
Malgré les risques pour lui et sa
famille Maurice cachera , sauvera de la déportation et de
l'extermination beaucoup de juifs .
Il sera nommé
Juste parmi les Nations, décoré de la légion d'honneur par Jacques Chirac
mais il souffre encore atrocement de ne pas avoir sauvé d'avantage de
personnes.
Maurice, Joöel Krolik, un des enfants juifs qu'il a sauvé avec sa femme
https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Le-Juste-Maurice-Arnoult-est-mort-Yad-Vashem-156064
La lettre de Maurice aux enfants suite à la publication de Fleurus Presse, n°156 consacré aux Justes, de son témoignage écrit avec Joël Krolik
La lettre de Maurice aux enfants suite à la publication de Fleurus Presse, n°156 consacré aux Justes, de son témoignage écrit avec Joël Krolik
1945 à la fin
de la guerre les affaires reprennent.
Alice avec
qui il vivra plus de 60 ans l'empêchera
d'accepter la gérance d'un atelier de chaussure de luxe sur les Champs Élysées.
Il passera
tout le reste de sa vie à Belleville. Où il était devenu l'écrivain public et
où aussi il fabriquait , réparait gratuitement les chaussures pour les gens
démunis.
Sa
réputation d'artisan bottier et de mémoire locale lui amèneront des gens du monde entier.
Il travaillera
pour les plus grandes marques de
chaussures ce qui fera venir à lui dans
son minuscule atelier, les journaliste,
télévisions, radios ...
Mais aussi
les instituteurs, les classes d'enfants , les promeneurs et guides des de balades insolites de
Belleville, ainsi que des Élèves d'écoles d'Art et de stylisme qu'il formera gratuitement.
Photographie prise en 2008 par canal Marche
au moment où nous l'interviewions et le filmions.
au moment où nous l'interviewions et le filmions.
Maurice est décédé à près de 102 ans en Avril 2010
Je l'ai connu dans les années 1980. J'ai beaucoup de souvenirs ...
A plus de 90 ans il continuait à rentrer déjeuner chez lui à pied, de son atelier à la rue des Pyrénées ! Il m'avait dit que c cela qui le maintenait en forme ! Maurice avait un chat dans son atelier qui mêlait son odeur aux odeurs de cuirs et de colle...
Peu de temps avant sa mort je lui rapportais, à sa demande , des soupes faites maison et des livres de philosophie. Je pouvais rire et discuter de tout avec lui, il avait en tout cas avec moi un esprit incroyablement ouvert.
Sa mémoire est portée par :
Les jeunes femmes de l'Association de l'Atelier de Maurice, qu'il a formé, à la fabrication des chaussures faites à la main, se sont occupées de lui jusqu'au bout ....
L'association est la gardienne et la passatrice de sa mémoire
Vous trouverez en ligne beaucoup de Photos et d'articles en attendant je vous donne les liens auxquels j'ai contribué pour
Quartiers Libres sur le site de la Ville des Gens.
https://yadvashem-france.org/medias/documents
/Memoires%20de%20nos%20quartiers,%20deces%20de%20M.%20Arnoult.pdf
/Memoires%20de%20nos%20quartiers,%20deces%20de%20M.%20Arnoult.pdf
http://www.des-gens.net/Deuxieme-anniversaire-du-deces-de
https://www.des-gens.net/Bottier-a-Belleville-2
https://www.des-gens.net/Bottier-a-Belleville-2
Photo, Association Atelier Maurice Arnoult Allez voir à l'AMA, les créations des chaussures des anciens élèves de Maurice Arnoult ! |
L'atelier de Maurice, rénové et dans lequel il sera resté plus de 70 ans.
Le propriétaire n'a pas renouvelé son bail. Maurice continuera envers et contre tout, la transmission de son savoir jusqu'au bout dans son appartement de la rue des Pyrénées. Vers la fin très affaibli, ses élèves se sont admirablement bien occupés de lui.
Médaille aux membres de l'asso ! Car cela n'a pas toujours été facile...
Bien connu Maurice . Il était la mémoire du quartier avec le Grec (Kléanthis Tsélébidis alias Clément Lépidis).... c'était presque dans une autre vie.... Une vie ou l'artisanat vivait pleinement dans tous les immeubles ...La belle vie, toute en convivialité ...
RépondreSupprimerMaurice me manque... Il avait toujours un souvenir à partager. Nous étions aussi très complices au rayon de la rouspétance ! Son biographe, Michel Bloit qui a écrit sous sa dictée le livre, Moi Maurice, histoire d'une vie.Préfacé par son ami Alain Seksig aux Editions l'Harmattan. 1993, à fait un remarquable travail. En 1995 à la Maison de la Place des Fêtes,Maurice est venu avec Clément Lépidis pour l'inauguration de mon exposition sur l'histoire du parc des Buttes-Chaumont.
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