De Savies à Belleville
Savies est la
première trace du village de Belleville qui remonterait peut-être à une
antique fondation qui aurait existé avant le VII ème siècle.
En
l'an 862 le roi Charles le
Chauve y possédait une demeure,
un mesnil aussi nommé hameau
de Savies.
Ce nom celtique signifierait pour certains, terre sauvage, ou
pour d'autres comme André Videau, dans
son étude sur l'origine du toponyme Savies,
proviendrait de la racine pré-celtique « Sav » exprimant une idée d'écoulement, un lieu
duquel s'écoulerait des eaux et des
sources, ce qui serait probable compte tenu de la constitution sablonneuse ,
glaiseuse et argileuse du sol
comme nous allons le voir plus loin.
Charles le Chauve fit don du mesnil de
Savies avec d'autres domaines
à l'abbaye de St Denis. Par la suite entre les IX, XII et XIII ème
siècle les rois de France firent don d'autres terres et bois situés autour du
mesnil à différentes congrégations religieuses dont l'abbaye de St Denis
et de St Martin des Champs. Devenu au XIII ème siècle, hameau de Poitronville (Portronville,
Pointronville, ), du nom de son propriétaire,
le seigneur Boitron ou Positron,
pour devenir ensuite Belleville-sur Sablon en 1451 après les ravages de
la guerre de cent ans. Des le
On ne sait toujours pas précisément si le patronyme de Belleville vient d'une déformation de Bellevue, de Beauvoir ou de Marguerite de Belleville,
fille de Charles VI à qui fut donné un domaine à Bagnolet qui s'étendait
jusqu'à Poitronville.
XIIème siècle les moines de Saint- Lazare y captent l'eau des sources pour
alimenter la léproserie du faubourg St Denis, puis par la suite un aqueduc conduira l'eau à Paris pour alimenter
les fontaines parisiennes de la rive droite. Grande histoire d'eau justifiant la présence des regards
et le nom de certaines rues éparpillées
de nos jours entre les XIX ème et
XX ème arrdt. Bernard Fournier, dans les années 1990, habitant de notre quartier et que j'ai bien
connu à consacré une chronique régulière et extrêmement bien documenté
« Une longue histoire d'eau » dans la revue Histoire du 3ème
arrondissement de Paris de l'association pour la découverte et la
promotion du patrimoine historique»
Le village était situé bien plus haut
que le Belleville actuel ! Il s'étalait
à l'Est entre la ferme de Savies ( n° 88 et 94 rue de Belleville) et
Mesnil Mautant (Maudan), au Nord jusqu'à la Butte de Beauregard, la rue de Bellevue et des Lilas, à l'Ouest jusqu'à la Butte du Calvus Mon le Mont Chauve du parc des buttes Chaumont actuel, au Sud jusqu'à la Courtille du haut, au niveau de la rue de Belleville à l'angle
de la rue Rébéval puis par la suite descendra jusqu'à la Courtille du bas
correspondant aux rues du Fbg du Temple
et rue du Temple (qui deviendra plus tard un haut lieu d'amusements avec
son carnaval et
la célèbre « descente de la
Courtille »
La première chapelle du village fut
construite en 1543.
Avant les villageois devaient aller très loin, par tous les temps, à pieds ou
en charrette attelée, pour assister aux messes données dans des paroisses
éloignées. De plus nos villageois ne s'y rendaient pas en bandes joyeuses de
voisins ou d'amis car à chacun était destiné un lieu de culte en fonction de
son lieu de naissance ! Ou de la paroisse dont les propriétaires des terres qu'ils cultivaient, dépendaient.
(On ne choisissait pas son église)
(On ne choisissait pas son église)
Devenue église en 1635,
Il y eu plusieurs reconstructions de l'église avec le cimetière attenant
et la place du village jusqu'à l'édification quasiment au même endroit de L'actuelle église Saint Jean
Baptiste de Belleville en 1859.
Nous avons aussi lu que l'église à cette
époque avait été consacrée à Saint Jean
Baptiste, patron des carriers et à St Blaise patron des plâtriers ! ?
Le cimetière de Belleville, fut déplacé trois fois, Jusqu'à son
emplacement actuel au N° 40 de la rue du Télégraphe dans le XX ème arrondissement.
L'ancien
verdoyant village de Belleville
et ses alentours étaient constitués d'aulnaies, saulaies, oseraies avec
d'innombrables parcelles de vignes,(clos de vignes) champs, cultures
céréalières, vergers, pâturages,. Un bois fut mentionné et une garenne royale,
gibondante, y passa même au XIVème siècle.
Et aussi, à différentes époques le
paysage bellevillois
se décrivait avec de nombreux pressoirs et moulins.
On y trouva également des sablières, des plâtrières provenant des
carrières de gypse servants à la fabrication du plâtre extraits de la Butte de Chaumont et depuis le V ème siècle,
qui à l'époque était appelé Mont chauve, Calvus Mons, jusqu'en en 1216, car rien n'y poussait !
ET dans lesquelles venaient
s'approvisionner
maçons, tuiliers, briquetiers et
potiers.
Des le XVIII ème, les parisiens montent
à Belleville, pour se promener dans un cadre champêtre et respirer le bon air des hauteurs ! Achètent
ou se font construire des maisons de campagne ! fréquentent les guinguettes et
cabarets pour boire le vin du cru,(le
clairet) chanter et s'amuser! Et pour dire,
s’il y eut beaucoup de métiers et
d’activités artisanales de nos jours
complètement disparus,
il
y avait en 1848, 500 marchands de vin, traiteurs et limonadiers!
La rue de Belleville était la rue
principale de l'ancien village de Belleville,
long chemin de plus de 2 kms qui menait à Paris.
En 1787 fut bâtie autour de Paris
l'enceinte des fermiers Généraux avec l'édification de portes, les fameuses
barrières d'octroi (sur le tracé des boulevards de Belleville et de la
Villette), servant à faire payer des taxes sur toutes marchandises rentrant dans Paris. Elle coupa
en deux le quartier de la Courtille par un mur
de quatre mètres de haut et la basse Courtille
au
niveau de la rue du Fbg du Temple, intégra Paris.
Malgré
la colère de la population et des marchands, des pétitions, des cabaretiers
devenus parisiens malgré eux et astreints à payer sur leurs vins
des taxes auxquelles ils avaient échappé
jusqu’alors,
« Le mur murant Paris qui rendait Paris murmurant «
Fut maintenu.
A la révolution de 1789, Belleville compta grand nombre
de révolutionnaires et de lieux de réunions, notre commune fut même débaptisée
pour prendre le nom de La Montagne. La première mairie se situa en 1790 à
l'angle des rues de Belleville et de la rue de Palestine puis en 1847 de
l'autre coté au niveau du n°136 de la rue de Belleville juste à
l'emplacement sur lequel il y avait eu
le célèbre cabaret de l'ile d'Amour !
Au XIX siècle, le jour des cendres, la
rue de Belleville (rue de Paris) jusqu'à la rue du faubourg du temple, fut le
tableau d'un grand carnaval à succès:
La descente de la Courtille avec comme
meneur, l'illustre et excentrique Milord
L’Arsouille. Bourgeois de Paris, grimés et déguisés
défilaient sous le regard amusé des
Bellevillois.
En 1860
Au moment de l'annexion du village de Belleville à Paris, la commune comprenait 70.000 habitants, placée 13ème
commune de France. Notre mairie devient
la mairie du XX, le XIX ème et les XXème arrondissements furent
définitivement coupés en deux et par la
rue de Belleville. Mais le village de la
Villette, lui fut rattaché. La mairie du XIXème après plusieurs emplacements
finira par s'installer en 1876 place Armand Carrel.
En 1871 Sous la commune de Paris les
Bellevillois furent également très combattifs, et en réponse la répression
fut effroyable.
Il
y eut beaucoup de morts dont les fusillés de la Commune.
Pour cette période de l'histoire, Nous
vous invitons à lire les trois romans historiques
de Denise François aux éditions Filipacchi:
L’Auberge du Grand Balcon, les Révoltés
de Montfaucon, les Dames de la Courtille
Les livres étant épuisés, vous pourrez
les emprunter dans les bibliothèques municipales de notre quartier.
Jusqu'en
1860 il y avait une ligne régulière de transport qui montait et
descendait la colline de Belleville. « La petite monteuse » A partir
de la place de l'église St Jean Baptiste et jusqu'au niveau du métro Belleville
actuel.
On y voyageait en voiture 14 places,
tirée par deux chevaux.
Puis ce fut la Création d'un funiculaire
en 1891.
Ces deux types de transports engendrant
tellement d'accidents, accrochages, avec la foule de piétons qui circulaient
sur cette voie particulièrement pentue ainsi qu'avec les voitures à bras, fiacres, charrettes
attelées aux chevaux qu'ils furent abandonnés,
Modernisme oblige création de la ligne
de métro entre 1925 et 1935.
D'un village de vignerons, de laboureurs
de carriers, d'artisans et cabaretiers Belleville va rengorger d'une multitude
d'anciens métiers et commerces pour certains
totalement disparus pour exemple au XVIII ème siècle on trouvait à
Belleville de nombreux plâtriers, maçons, meuniers, savetiers, cordonniers,
tailleurs, bourreliers, charrons, forgerons, tonneliers, charpentiers, menuisiers,
serruriers, salonnier, fruitiers, boulangers, pâtissiers, vinaigriers,
bouchers, charcutiers, vinaigriers, boyaudiers, voiturier par terre,
blanchisseuses, couturières,
ouvriers
de la monnaie, fontainiers etc ....
Au fil des siècles les métiers et
activités ont changé la population et ses
différents
flux migratoires, se sont étonnamment diversifiés.
Grands nombres de livres ont été écrits
pour en témoigner
On notera qu'en début du siècle jusqu'à la
crise de 1930 avec l'arrivée des machines entrainant le licenciement des
employés et la fermeture d'ateliers, Belleville fut le fief de l'artisanat
de la fabrication de la chaussure avec tous les métiers qui en découlaient ainsi que les petites maisons où
logeaient les employés.
Nous vous invitons et pour aller plus loin à lire le
livre sur Maurice Arnoult
mort récemment à près de 102 ans
« Moi, Maurice, bottier à Belleville »,
par Michel Bloit aux éditions de l'Harmattant, 1993, et l'article en ligne dans
Quartiers libres N° 106, 2008,
sur le site internet de la Ville des Gens.
Dans notre quartier, d’innombrables
ateliers réhabilités et petites maisons existent encore de nos jours pour en
témoigner, mais malheureusement la plupart sont situés dans les arrières
cours, fermés à la rue et aux regards
des passants par des portes codées ! Cependant, grâce aux ateliers portes
ouvertes des artistes de Belleville
qui se déroulent tous les ans au mois de mai, nous pouvons encore
découvrir certains de ces
extraordinaires ilots,
lieux
de vies et tellement évocateurs de notre
vieux village de Bellevillois.
A l'heure actuelle il existe un paradoxe
flagrant il y aurait, en fait deux Belleville !, L'antique, le village
historique de Belleville, le notre, revendiqué
par ses habitants, celui qui est dans les hauteurs, s'étendant entre l'église
St Jean Baptiste de Belleville et le plateau des Buttes-Chaumont et le Belleville du bas.
Le
Belleville actuel dans l'entendement des gens
s'étendant autour du métro Belleville.
Deux quartiers profondément différents
mais que l'on est obligé de traiter ensemble ou en tout cas partiellement
du fait de la rue de Belleville
qui toujours été le fil conducteur et un
passage obligé.